Electricité : Le paradoxe guinéen
L’accès à l’électricité est un problème majeur auquel fait face la République de Guinée. En 2014, le pays comptait seulement 281 000 abonnements au réseau électrique (parcs domestique et institutionnel compris) alors que sa population était évaluée à 12 millions d’habitants. Doté d’un potentiel hydroélectrique estimé à 6 000 MW, le pays dispose pourtant d’avantages naturels qui auraient dû faire de lui un exportateur net d’électricité. Cependant, avec seulement 2% de son potentiel hydroélectrique exploité, l’accès à l’électricité reste difficile en Guinée en dépit de l’inauguration récente du barrage de Kaleta qui permettra d’injecter 240 MW sur le réseau.
Le paradoxe guinéen
6 000 MW de potentiel hydroélectrique, 200 sites de productions hydroélectriques potentiels identifiés à travers le pays, 4.8 KWh/m² et par jour d’énergie solaire productible en tenant compte d’un ensoleillement quotidien compris entre 7 et 10 heures … en dépit de cela l’électricité ne représente que 18% du mixe énergétique guinéen et la majorité des foyers n’est pas raccordée à l’électricité. La Guinée est manifestement un pays du paradoxe énergétique à l’instar d’autres pays africains comme la République démocratique du Congo (RDC), le Cameroun ou le Gabon.
En plus de la sous-exploitation de son potentiel électrique, le réseau électrique guinéen fait face à la vétusté de ses installations. Ainsi, en 2014 bien que la compagnie Electricité de Guinée (EDG) évaluait la puissance électrique installée à 338 MW, la puissance disponible n’était que de 158 MW. En raison de la vétusté des installations et des déperditions enregistrées lors du transport d’énergie, la Guinée perdait ainsi 53% de l’énergie disponible.
Le déficit énergétique du pays (environ 400 MW) laisse entrevoir le chemin qui reste à parcourir pour assurer le raccordement au réseau électrique de l’ensemble des ménages.
Le barrage de Kaleta et les espoirs de Souapiti
Inauguré en septembre dernier, le barrage de Kaleta avec ses 240 MW de puissance installée permettra de réduire le déficit énergétique du pays. Même si l’on note déjà des inquiétudes sur l’ampleur de la baisse de production du barrage en période d’étiage, ce barrage constitue un maillon important de la stratégie guinéenne de production électrique. Par ailleurs, Kaleta est annoncé comme un barrage électrique à vocation régionale, 30 MW de la production électrique est censé être acheminée vers le Sénégal, la Guinée Bissau et la Gambie. En l’absence des 1 600 Km de lignes de transport électrique indispensables à l’acheminement d’électricité vers les pays voisin, ce projet n’est pas réalisable.
Présenté comme une extension du Barrage de Kaleta auquel, il permettra de tourner à plein régime même en période d’étiage, le barrage hydroélectrique de Souapiti en projet devrait disposer d’une puissance installée d’environ 600 MW. De fait, si il était construit le barrage de Souapiti permettrait à lui seul de résorber le déficit guinéen en énergie électrique et de le rendre excédentaire de 200 MW.
Suivez le débat sur la production électrique en Guinée organisé par la chaine de télévision internationale Africa24 le 08/10/2014
Animé par Fanny Mounichy (Journaliste)
Invités :
– Mays Mouissi (Banquier)
– Jean Marie Bitomo (Editorialiste)
– Alfred Shango (Editorialiste)
1 réponse
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