Mauritanie : Le défi de la valorisation du minerai de fer

Mine de fer en Mauritanie – © mining-technology.com
En Mauritanie, l’exploitation du minerai de fer génère plus de 90% des ressources financières de l’Etat. Pour limiter l’impact de la chute des prix du fer sur les marchés internationaux, la Société nationale industrielle et minière (SNIM) en charge de l’exploitation de ce minerai a conçu un plan stratégique dénommé NOUHOUDH. Ce plan vise à porter la production de fer mauritanienne à 40 millions de tonnes/an en 2025. Avec ce niveau de production, la Mauritanie actuellement 13e producteur de fer de la planète, croit pouvoir intégrer le top 5 mondial. Un objectif difficilement atteignable.
Les cours du fer en chute libre
Alors qu’il s’échangeait encore à plus de 150 USD la tonne en février 2015, le cours du fer n’a cessé de dégringoler pour s’établir à 50 USD la tonne actuellement. A l’origine de cette baisse le recul de la demande chinoise qui représente 2/3 de la consommation mondiale de fer, la découverte de nouveaux procédés technologiques qui permettent de réduire la part fer dans la fabrication de certains alliages comme l’acier et la présence sur le marché d’une offre excédentaire de minerai.
Les revenus tirés de la vente du fer étant structurants pour son économie, la Mauritanie a choisi d’accroitre sa production annuelle (actuellement de 12 millions de tonnes) pour qu’elle atteigne 40 millions de tonnes en 2025. Cependant, si la chute des prix du fer se poursuivait cette stratégie pourrait très vite montrer ses limites. Bien que les projections des analystes divergent, Citygroup estime dans une étude récente que le prix de la tonne de fer devrait continuer de reculer pour s’établir à 40 USD la tonne dès cette année. Dans ce contexte déflationniste, accroitre la production de fer en Mauritanie aurait peut-être pour effet de stabiliser les ressources générées par la filière.
La nécessité de valoriser le minerai de fer
La volonté de la Mauritanie de tirer à la hausse les revenus provenant du minerai de fer devrait être accompagnée par un programme national de transformation et de valorisation de ce minerai. En effet, le fer n’est presque plus utilisé à l’état pur sur planète. La quasi-totalité du fer produit sur la planète est vouée à la transformation. La différence observée sur les marchés entre les cours du fer et les alliages auxquels il concoure et à tonnage équivalent démontre tout l’intérêt que la Mauritanie aurait à valoriser son fer avant de l’exporter.
Ainsi quand la tonne de fer s’échange à 50 USD, la tonne d’acier inoxydable s’établit à 2 500 USD (soit 50 fois plus). Par ailleurs, le développement d’industries de transformation en Mauritanie aurait nécessairement un effet d’entrainement positif pour d’autres secteurs puisque ces industries nécessitent la construction de centrales électriques ou le renforcement des capacités du port de Nouadhibou.
Quant à l’objectif de la Mauritanie d’intégrer en 2025 le top 5 mondial des pays producteurs de fer avec une production annuel de 40 millions de tonnes, il parait trop ambitieux. En effet, la Russie, 5e producteur mondial de fer produit déjà plus de 100 millions de tonnes/an. Avec ses 40 millions de tonnes en 2025, la Mauritanie sera au mieux dans le top 10.
5 principaux producteurs de fer | Production en millions de tonnes |
Chine | 1070 |
Australie | 433 |
Brésil | 370 |
Inde | 230 |
Russie | 101 |
Total | 2204 |
75% de la production mondiale |
Animé par : Amira Bendjaballah Jean Pierre (Journaliste)
Invités :
Mays Mouissi (Consultant)
Daouda Tall (Editorialiste)
Malik Acher (Editorialiste)
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