Gabon : Améliorer un environnement des affaires difficile
A l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’environnement des affaires est encore difficile au Gabon. Le classement Doing Business 2016 (DB 2016) de la Banque mondiale le classe 163e sur 189 pays dont le cadre des affaires a été évalué (- 6 places par rapport à l’année précédente). Dans un rapport publié en décembre 2015, la Banque mondiale identifie 4 grands obstacles que rencontrent les personnes désireuses d’investir dans le pays dont l’Etat se doit d’apporter des solutions pour attirer encore plus d’investissement et encourager l’entreprenariat.
Un environnement des affaires parmi les plus difficiles du monde
Le Gabon dont la majorité des ressources publiques provient du secteur primaire a besoin d’attirer des investissements indispensables pour la diversification de son économie. La baisse des prix du pétrole, principale ressource du pays, et ses répercutions budgétaires et sociales, rappelle l’urgence pour le pays d’attirer des capitaux étrangers et de promouvoir l’entreprenariat local. Or le Gabon figure parmi les 45 pays du monde où les entrepreneurs rencontrent le plus de difficultés pour réaliser des affaires.
Pour la Banque mondiale, les principaux obstacles à la réalisation des affaires dans le pays résident dans :
– La faible intermédiation financière ;
– La rigidité du marché du travail ;
– La longueur de la procédure d’enregistrement des titres de propriété ;
– La longueur des procédures légales relatives au droit de propriété et au droit des contrats.
La faible intermédiation financière
En 2014, les crédits accordés au secteur privé gabonais par les établissements bancaires n’ont représenté que 14.5% du PIB. Ce niveau de crédits place Gabon 2e dans l’espace de la CEMAC derrière le Cameroun où les crédits au secteur privé représentaient 15.6% du PIB la même année.
Cependant, bien que les crédits au secteur privé gabonais aient progressé au cours des dernières années (ils ne représentaient que de 9,5% du PIB en 2011), ils demeurent faibles au regard de ceux qu’on observe dans les pays du continent les mieux classés au Doing Business 2016. Ainsi quand les crédits au secteur privé représentent 14.5% du PIB au Gabon, à Maurice ils représentent 100.1% du PIB, en Afrique du Sud 151.5% et au Botswana 31.9%.
A l’analyse, les entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit (ou dans de quantités insuffisantes) pour satisfaire les besoins des projets qu’ils portent, se retrouvent dans l’incapacité de les réaliser ou de les conduire à leur terme.
La rigidité du marché du travail
Autre difficulté de l’environnement des affaires au Gabon, la rigidité du marché du travail. Si elle reconnait que l’embauche reste aisée au Gabon, la Banque mondiale déplore cependant que le marché du travail gabonais ne soit pas suffisamment flexible, notamment en ce qui concerne le nombre d’heures de travail.
En effet, de nombreux pays ont légiféré sur des heures de travail modulables, en fonction de l’entreprise, son activité, sa nature et ses besoins de production. Il s’agit de laisser une marge aux entreprises sur le temps du travail en contrepartie d’une rémunération plus attractive pour les salariés.
La longueur de la procédure d’enregistrement des titres de propriété
L’accès aux titres de propriété reste difficile et complexe au Gabon, tant pour les citoyens que pour les entreprises. Entre 2004 et 2008, seulement 856 titres fonciers* ont été délivrées au Gabon. En dépit de la mise en place de l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC), guichet unique en charge de la délivrance des titres de propriété, le volume de régularisation foncière continue de stagner. L’objectif d’instruction et de délivrance des titres fonciers dans un délai de 180 jours n’a jamais été atteint. La procédure d’obtention de titres ou de régularisation foncière est donc trop longue.
Avec 6 procédures et des coûts qui représentent 17.5% de la valeur de la propriété pour laquelle l’on sollicite un titre, la Banque mondiale estime la longueur et les coûts trop élevés, voire dissuasifs pour ceux qui désirent entreprendre.
La longueur des procédures légales relatives au droit de propriété et au droit des contrats
Enfin, la Banque mondiale a-t-elle constaté que le cadre légal de protection des investissements au Gabon est lui aussi complexe avec notamment 36 procédures relativement longues et coûteuses.
En moyenne le coût des procédures visant à sécuriser les droits de propriété et les contrats couteraient en moyenne 34.3% de la demande.
Pour favoriser l’investissement privé, attirer les investissements étrangers et développer une classe d’entrepreneurs, le Gabon gagnerait à mettre en œuvre les actions nécessaires pour rendre le pays plus attractif pour les investisseurs.
Mays Mouissi
* Source : Annuaire statistique du Gabon, 2004-2008
Sources principales :
– Classement Doing Business 2016 de la Banque mondiale
– Classement Doing Business 2015
– Cahiers économiques du Gabon « Protéger les pauvres en dépit du ralentissement de la croissance », Décembre 2015, numéro 101797, Banque mondiale
– Annuaire statistique du Gabon, 2004-2008
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Merci pour vos analyses toujours aussi pertinentes.
Continuez comme ca.
Merci pour vos encouragements.
C’est très aimable à vous.
Cordialement,
MM