Gabon : A quelle hauteur l’Etat finance-t-il les lycées privés ?

Dans le prolongement de nos précédentes analyses sur les dépenses exécutées dans le cadre de l’exercice budgétaire 2015, nous avons choisi de nous attarder cette fois-ci sur les financements accordés par l’Etat gabonais au bénéfice des lycées privés reconnus d’utilité publique. Ainsi a-t-on constaté qu’en 2015, l’Etat gabonais a financé 17 lycées privés pour un montant de 2.8 milliards FCFA. Par ailleurs, 60% des financements de l’Etat ont été absorbé par le lycée privé Berthe & Jean d’Essassa et par le Lycée Paul Kouya de Koulamoutou initiés respectivement par la Présidente de la Cour Constitutionnelle Marie Madeleine Mborantsouo et le Ministre des sports Blaise Louembé.

Un financement public hétérogène

Chaque année, la République gabonaise assure le financement des établissements privés (laïcs ou confessionnels) qui bénéficient de la reconnaissance d’utilité publique. Ce financement prend la forme d’une subvention de fonctionnement et/ou une prise en charge des frais de scolarité et d’écolage. Depuis plusieurs décennies, de nombreux établissements de l’enseignement privé catholique (comme le lycée Bessieux), protestant (comme le lycée évangélique Samuel Nang Essono) ou musulman (comme le lycée Mohamed Arissani) bénéficient de ces subventions publiques qui sont la contribution de l’Etat à l’effort de formation de ces établissements.

Longtemps cantonné aux seuls lycées privés confessionnels, l’enseignement privé du second degré reconnu d’utilité publique au Gabon s’est depuis enrichi d’établissements laïcs parfois initiés par des personnalités publiques. Il en est ainsi du Lycée Berthe & Jean d’Essassa créé en 2008 et le Lycée Paul Kouya de Koulamoutou ouvert en 2010.

Si l’on observe une subvention publique relativement équilibrée entre les différents lycées reconnus d’utilité publique. On ne peut pas en dire autant pour le financement reçu par les établissements au titre de la prise en charge des frais de scolarité et d’écolage qui varient de 5.9 millions FCFA pour le lycée évangélique de Franceville à 953 millions FCFA pour le lycée privé Berthe & Jean.

965 millions FCFA pour le lycée Berthe & Jean

Ainsi avec 965 millions FCFA (subvention + frais) reçus de l’Etat en 2015, le lycée privé Berthe & Jean d’Essassa arrive-t-il largement en tête des lycées gabonais reconnus d’utilité publique classés en fonction de leur niveau de financement étatique. Il est suivi du lycée Paul Kouya de Koulamoutou qui lui a reçu 709 millions FCFA la même année.

Respectivement 3e, 4e et 5e le collège Raponda Walker de Port-Gentil (qui propose un cycle secondaire complet malgré le terme collège conservé pour des raisons historiques), le lycée Mbelé et le lycée Djoué Dabany ont bénéficié respectivement de 304 ; 260 et 158 millions FCFA de financements publics en 2015.

Historiquement considéré comme un établissement d’élites, la Fondation Immaculée conception de Libreville n’a reçu que 104 millions FCFA de financements publics, un montant qui reste cependant supérieur 53 millions FCFA reçus par le lycée évangélique Samuel Nang Essono ou les 42 millions FCFA reçus par le lycée Bessieux, autre établissement emblématique de Libreville.

Ci-dessous, le tableau des financements publics reçus par les lycées privés reconnus d’utilité au Gabon.

Dépenses de l’Etat gabonais au bénéfice des lycées privés reconnus d’utilité publique en 2015 (cliquer pour agrandir)

Mays Mouissi

Source principale :
– Tableau annuel d’exécution du budget de la République gabonaise exercice 2015 – Version intégrale

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